Compte rendu de la cinquième séance (21 mai 2008) - Reverdie

Compte rendu de la cinquième séance (21 mai 2008)

lundi 2 juin 2008, par Anne Salamon

Les traductions médiévales

Les participants

Noémie Chardonnens, Margerie Coatantiec, Cécile Le Cornec, Patrick Moran, Amandine Mussou, Elodie de Oliveira, Tom O’Donnell, Anne Rochebouet, Anne Salamon, Nora Viet.

Le déroulement de la séance

Cécile Le Cornec ouvre cette séance par une mise au point bibliographique sur la question des traductions au Moyen Âge. Elle constate l’absence d’ouvrage de synthèse sur la question, mais elle signale le très grand nombre d’articles et de colloques qui lui sont consacrés, et tout particulièrement la série The Medieval Translator. Deux projets de grande envergure doivent être cités : « Transmédie », répertoire des textes traduits en langue vernaculaire et le « Miroir des classiques », hébergé sur le site de l’École des Chartes. Elle propose un rapide panorama des traductions médiévales et revient sur les problèmes spécifiques au Moyen Âge en proposant un examen des termes de « traduction » et de « translation ».

Vous trouverez une bibliographie ici, à la fin de l’article]

1. Elodie de Oliveira : Claude Buridant, « Translatio medievalis. Théorie et pratique de la traduction médiévale », Travaux de linguistique et de littérature 21, 1983, p. 81-136. Voir le compte rendu en ligne.

Dans cet article de 1983, partant du constat que l’histoire de la traduction reste à explorer et que le rôle des traductions dans l’histoire intellectuelle est méconnu, Claude Buridant pose les premiers jalons d’une étude diachronique de la traduction. Après avoir défini les domaines qu’une étude de la traduction au Moyen Âge devrait inclure (champ géographique, chronologique mais également prise en compte des traduction interlinguales et intralinguales), C. Buridant explore la conception de la traduction au Moyen Âge et les liens entre la traduction et « l’architectonique mentale du traducteur ».

Discussion :

Elodie de Oliveira propose d’ajouter aux questions à poser à un texte traduit la question du « qui traduit-on ? », qui contribuerait à établir un tableau des tendances intellectuelles du Moyen Âge. Elle rappelle également la richesse d’une étude portant sur les écarts à un original pour la compréhension de certains phénomènes. Anne Rochebouet souligne que les prologues, qui prennent souvent dans les recherches sur les traductions médiévales une place importante en l’absence de textes théoriques, doivent être examinés avec prudence ; ils sont souvent topiques et recopiés tels quels. Une certaine uniformité de propos peut dissimuler des méthodes très différentes dans les faits.

La discussion revient ensuite sur l’image du « fleuve de la latinité », et plus généralement sur l’image du fleuve, notamment utilisée par Umberto Eco dans Dire presque la même chose (Paris, Grasset & Fasquelle, 2007.)

Tom O’Donnell rappelle quelques faits supplémentaires de l’histoire de la traduction médiévale ébauchée dans l’article, qui situe le début de traduction avec Charlemagne dans le domaine français. Il rappelle qu’en Irlande la pratique de la traduction en vernaculaire a commencé plus tôt.

2. Nora Viet : Giuseppe di Stefano, « La langue des traducteurs : langue ou métalangue ? », La traduction vers le moyen français. Actes du 2e Colloque de Moyen Français (Poitiers, 27-29 avril 2006), éd. Claudio Galderisi et Cinzia Pignatelli, Turnhout, Brepols (The Medieval Translator, n° 10), 2007, p. 369-377.

Cet article s’attache à étudier la traduction comme un acte de vulgarisation et de communication, tout particulièrement par l’examen de la pratique du calque et des néologismes. Le traducteur, confronté à des problèmes de traduction comme les jeux de mots ou la traduction d’un lexique spécialisé, développerait une métalangue qui lui permettrait de définir les mots utilisés (périphrases, doublets synonymiques…).

Discussion.

La discussion est lancée autour de la question des rapports entre ancien français et moyen français : l’ancien français est-il vraiment perçu comme une autre langue ? À quel point un homme de la fin du Moyen Âge le comprenait-il ?

De même, les latinismes des traductions sont-ils sentis comme des archaïsmes compréhensibles ou sont-ils mal compris ? La question est posée des connaissances du public visé par les traductions, et tout particulièrement du public princier.

La question des binômes synonymiques suscite un vif intérêt de la part de tous les participants qui s’interrogent sur son statut en général et dans les traductions en particulier. Phénomène stylistique, le binôme synonymique peut être perçu comme procédé de traduction culturelle, propre à l’aire française.

3. Amandine Mussou , « Compte rendu des différents travaux sur la traduction des Problemata d’Aristote par Evrart de Conty (c. 1380) » Voir le compte rendu en ligne

Après une rapide biographie d’Evrart de Conty et une mise au point sur le texte des Problemata, Amandine Mussou nous propose un état des recherches concernant l’activité de traducteur d’Evrart de Conty à partir d’une sélection d’articles. Elle met en lumière deux approches dominantes. La première consiste à évaluer les stratégies de traduction en comparant les différents états du texte, la comparaison permettant de dresser un portrait intellectuel du traducteur ; la seconde est essentiellement une approche lexicographique, étant donnée la nature encyclopédique du texte (constitution d’un lexique spécialisé, inventivité lexicale…).

4. Margerie Coatantiec présente un bref résumé de la conférence de Joëlle Ducos : « La traduction scientifique au Moyen Âge : formes et enjeux » (Conférence donnée le 20 décembre 2007 dans le cadre des conférences linguistiques en Sorbonne).

La conférence est disponible en ligne sur le site de l’équipe d’accueil « Sens Texte Histoire » de l’école doctorale V, Université Paris IV-Sorbonne.